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Who’s Who in France : réseau social du monde réel

Who’s Who in France : le réseau des personnes remarquables

Il y a quelques mois, alors que je triais mes dizaines d’alertes email sur LinkedIn, je reçus un email insolite de la part de Who’s Who in France. Ma première réaction fut de croire au phishing. J’ai donc stocké le mail verticalement. Puis j’ai reçu une relance, et je me suis mis à y regarder d’un peu plus près. Le mail avait l’air réel, les liens étaient corrects, mais le contenu était toujours pour moi, surréaliste : le célèbre annuaire des non moins célèbres individus qui le composent me proposait d’y faire figurer ma biographie. Un peu flatté, avouons-le sans fausse modestie, je me renseigne autour de moi et les critiques fusent : « c’est un attrape-nigauds, tu vas recevoir une facture de 1000€, d’ailleurs un ami en a reçu une ». Manuela d'Halloy Who's Who in FranceJ’ai donc temporisé mais les messages de relance étaient sincères, insistants, et me garantissaient au contraire que « l’ami qui avait reçu une facture » était probablement le résultat d’une rumeur (le propre d’une rumeur c’est que c’est toujours « un ami qui… » Voire un ami « qui connaît un ami qui… » Et jamais un témoignage direct. C’est le propre des organisations qui s’entourent de secret, elles focalisent sur elles les fantasmes les plus fous. Le Who’s Who ne fait pas exception à la règle.

Le Who’s Who fonctionne à l’envers des réseaux sociaux : lent et sérieux

J’ai donc rempli les documents, les biographies ont fait des allers retours, et nous avons suivi le processus, à l’inverse d’ailleurs des médias sociaux : là où il ne faut que quelques secondes pour être admis dans LinkedIn, mais des années à se développer (mon réseau approche des 9000 après 12 ans de sélection et de choix appliqué des personnes avec qui je veux réseauter), ici le processus est inversé : l’admission est fermée, le processus long et précis (tellement long que ma biographie, à l’heure où ces lignes sont écrites, n’y est pas encore disponible mais ça viendra peut-être, j’espère qu’ils n’ont pas changé d’avis), mais vous entrez directement dans le saint des saints.

Who's Who in France
Le Who’s Who in France est aussi sur Internet (un petit relooking serait sans doute nécessaire) [MAJ du 26/08 à 17:30 Who’s Who in France me signale que c’est en cours]

Encore à ce jour je me demande bien ce qui m’a valu cet honneur. Ma famille est d’origine modeste, obscure et discrète, même si j’ai et ai eu des homonymes célèbres (un footballeur, un chef d’entreprise, un syndicaliste entrepreneur et fondateur de Brittany ferries, mais qui n’ont strictement rien à voir avec nous car « Gourvennec » c’est un peu comme « Dupont » dans le Léon), j’ai bien été le coauteur de quelques ouvrages professionnels à succès (http://amonboss.com) mais pas seul et surtout pas avec le même succès de librairie que Valerie Trierweiler.

Alors j’ai voulu en savoir plus. Un jour en effet je reçois une lettre de félicitations de la part de la patronne du Who’s Who, Manuela d’Halloy, qui me confirme mon inscription définitive et ni une ni deux je vais vérifier si elle a compte LinkedIn. Et là … Surprise ! Elle en a bien un. Je la contacte donc pour en savoir plus et lui faire part de mes interrogations et une interview fut promptement organisée cet été, dans la chaleur torride du mois de juillet. Manuela a donc fort gentiment répondu à mes questions et je pense que cela fait une excellente introduction à la reprise de l’automne : pourquoi les gens vraiment connus ne sont-ils pas sur Les réseaux sociaux, sauf quelques exceptions près, qu’est-ce que le Who’s Who ? Qui l’a créé ? Comment en faire partie et enfin, qui va vérifier votre pedigree et vous offrir la porte du précieux sésame ?

A l’heure des médias sociaux où tout va (trop) vite, le Who’s Who montre que le réseautage est aussi et surtout une affaire humaine

A l’heure des médias sociaux, et après des tentatives malheureuses de réseaux sociaux élitistes (a small world) il y a quelques années, cet annuaire ancien et respectable montre toute son utilité en cassant les codes, tout en utilisant le Web pour moderniser ses accès. Une leçons de choses intéressante, qui vient prouver encore une fois, que l’Internet peut être aussi un pont vers le monde réel, loin des clichés du virtuel et de l’underground.

Voyons avec Manuela d’Halloy, dans cette interview réalisée cet été dans les locaux de la société à Levallois, comment fonctionne le Who’s Who, ce qu’il est – et n’est pas – comment il a trouvé sa place au milieu des médias sociaux.

Manuela D’Halloy : le Who’s Who in France, c’est le réseau social des réseaux sociaux

Le Who’s Who, c’est une base de 22 000 plus grands talents et savoir-faire français, ce sont les 22 000 personnes qui font la France comme l’indique notre baseline : Ils font la France, ils sont le Who’s Who. Le Who’s Who est présent dans tous les secteurs : artisanat, sport, business, politique, recherche, journalisme. Le Who’s Who selectionne les plus grands talents français et édite un livre et un abonnement Internet qui recense ces 22 000 personnes avec leurs biographies associées, certifiées, et riches en informations.

Le Who’s Who, à l’origine, est un livre anglais

Le fondateur était Anglais. Il a déposé le nom Who’s Who et l’a revendu en 1953 à Mr Lafitte, en France, qui a racheté la marque sur le territoire français et qui l’a fait perdurer depuis plus de 60 ans. Il est présent dans quasiment tous les pays. Tous ces Who’s Who sont indépendants, mais quand on les regardants tous, on observe une unicité d’identité dont le rouge et le logo qui garantissent une certaine cohérence.

J’ai pris connaissance du Who’s Who il y a quelques mois, quand vous m’avez proposé d’en faire partie. J’étais complètement interloqué car je pensais que c’était réservé à l’Aga Khan et autres personnes célèbres

Il y a beaucoup d’idées reçues. Au démarrage, il était orienté business et politique donc beaucoup de gens sont restés sur ce statut de reflet du business et de la politique or le Who’s Who regroupe tous les domaines d’expertise, du souffleur de verre à Jo Wilfried Tsonga en passant par Marion Cotillard, la brodeuse d’or, Jean Tirole et les présidents du CAC40. C’est donc la seule plateforme permettant de recenser les talents dans toutes leurs diversités et d’être le reflet de cette belle France car nous avons des talents dans tous les secteurs.

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Le Who’s Who ne laisse pas rentrer tout le monde, et c’est la rareté de son réseau (22 000 personnes seulement) qui en fait sa valeur

Pourtant, beaucoup pensent que LinkedIn est l’outil absolu pour regarder les talents

LinkedIn, c’est pour tout le monde. Il est simple de se créer un profil et d’y raconter ce que bon nous semble. Le Who’s Who sélectionne. C’est notre principal atout. Nous sommes universels : nous couvrons tous les domaines (il n’y a pas de sportifs ou d’artisans présents sur LinkedIn), et nous sommes sélectifs : si vous voulez trouver les meilleurs pâtissiers-chocolatiers, les plus grands chercheurs en économie, les plus grands mathématiciens ou encore les plus grands patrons dans l’aéronautique, comment faites vous la différence sur les moteurs de recherche ou les réseaux sociaux professionnels ? Nous sommes riches en informations et rigoureux. Sur les réseaux sociaux professionnels, tout le monde est libre de raconter ce qu’il veut.

Dans le Who’s Who, je ne peux pas tricher et dire que j’ai été polytechnicien ? Et si je dis par exemple que j’ai travaillé chez IBM de 2005 à 2007 ?

Nous irons vérifier, nous avons à notre disposition des annuaires de toutes les grandes écoles. Concernant IBM, nous allons l’admettre car nous sommes incapables de le vérifier. Mais sachez qu’il y a beaucoup de membres dont des employés d’IBM qui pourront nous avertir. Nos membres participent à la certification de l’ouvrage pour leurs propres biographies et celle des autres. Chaque donnée est certifiée directement par l’intéressé(e). S’il décide de falsifier ses propos, nous le verrons à la longue.

Comment se déroule le processus de sélection ?

Nous avons 10 rédacteurs-journalistes qui s’occupent de sélectionner dans tous les domaines, les plus grands talents. Ensuite, nous avons un comité de sélection, bénévole et anonyme avec des experts dans chacun des secteurs qui certifie que cette personne a la légitimité, les compétences pour rentrer dans le Who’s Who et une fois que nous avons cette certification, nous contactons la personne. Bien évidemment, nous recevons des centaines de candidatures car il y a un certain prestige à rentrer dans le Who’s Who et c’est souvent ceux qui ne demandent pas à intégrer le Who’s Who qui sont sélectionnés.

Si un de mes collaborateurs vous contacte en disant qu’il mérite de rentrer dans le Who’s Who car il travaille avec untel, comment sa demande sera t-elle prise en compte ?

Nous lui demanderons d’envoyer un dossier complet concernant ses œuvres, ses réalisations, ses publications etc. et ce dossier sera soumis au prochain comité de sélection. Tout dépend des informations transmises, si votre biographie et votre CV sont déjà suffisamment riches et que c’est validé dès le premier comité de sélection, vous serez pris. Si vous n’êtes pas encore totalement au niveau, on peut vous demander de nous renvoyer régulièrement des informations jusqu’à ce que le comité de sélection valide. Cela peut prendre 15 jours comme plusieurs années.

Ce réseau qui est assez fermé, ce qui en fait sa richesse, me rappelle AsmallWorld

Ils ont tenté de faire un réseau privé mais nous ne savions pas sur quels critères ils étaient basés. Nous, nos critères sont clairs, il faut que vous soyez expert ou talentueux dans votre domaine d’activité. J’ai été moi-même contactée pour rejoindre AsmallWorld alors que j’avais 5 ans d’expérience dans une entreprise de Télécom, alors que je n’avais aucune raison d’y être. Nous avions l’impression que l’entrée dans le réseau pouvait s’effectuer en un claquement de doigts. A partir du moment où votre leitmotiv et votre raison d’être ne sont pas garantis, vous n’avez aucune raison de pouvoir perdurer.

Quel est votre business model ?

Pour commencer, nous ne faisons pas payer pour être dans le Who’s Who. C’est pour nous la garantie d’être objectifs dans nos sélections. Beaucoup de gens et d’entreprises (à 70%) nous utilisent afin de démarcher des clients, trouver des partenaires, une égérie, avoir un journaliste qui puisse parler d’eux ou avoir un chercheur dans les nanotechnologies si vous décidez de développer une innovation dans le domaine. Ils utilisent donc le Who’s Who en achetant soit une biographie à 6 euros ou un abonnement internet à 33 euros hors taxe ou alors en s’équipant du livre.

Ce n’est pas très cher pour quelque chose d’exclusif, n’êtes-vous pas tenté par l’idée de relever les prix ?

Il faut trouver le bon rapport pour faire payer. Car aujourd’hui, très peu de gens sont prêts à payer sur le Web et nous avons décidé de développer le digital. La preuve avec la presse qui essaie de se « digitaliser » mais combien de lecteurs sont vraiment prêts à acheter des articles à 5€ ou des abonnements à 9.99€ ? Notre prix est plus élevé que les articles de presse mais suffisamment peu pour préserver l’accessibilité par tous.

On entend beaucoup d’idées reçues : la première chose qu’on m’a dite quand j’ai dit autour de mois que le Who’s Who voulait me recruter, c’est que « c’était une arnaque et qu’on m’enverrait une addition de 1000€ ! »

On ne paie pas pour rentrer dans le Who’s Who. Vous n’êtes pas non plus obligés d’acheter le livre, mais vous serez très vite tenté de savoir qui d’autre est présent sur le réseau, de pouvoir solliciter vos pairs. Un tiers de nos inscrits achètent très régulièrement le Who’s Who, il y a un réel usage qui en est fait, mais rien n’est forcé. Cependant, les gens qui ne sont pas présents dans le réseau peuvent aussi utiliser nos services.

Peut-on considérer que le Who’s Who est un « réseau asocial » ?

C’est le réseau des réseaux. Car aujourd’hui beaucoup de personnalités n’osent pas aller sur les réseaux sociaux, j’ai beaucoup de gens dans mon entourage qui ne sont pas présent sur LinkedIn. Tous les réseaux ont leur place, nous sommes la substantifique moelle de ces réseaux, la sélectivité extrême.

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

6 commentaires

  1. Merci de ce témoignage Yann. J’ai toujours fait comme toi et mis ses courriers dans le Spam…

  2. Bonjour,

    Je trouve le concept de Who’s who un peu trop élitiste, on est entre élites et on se partage les avantages que monsieur tout le monde n’a pas! ça c’est typiquement français !

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