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Gestion du savoir : pilier des nouvelles pratiques collaboratives

Allier les technologies numériques aux organisations est désormais indispensable pour les entreprises. Intégrer le digital dans les entreprises à l’échelle mondiale permettrait de générer jusqu’à 9000 milliards de dollars de revenus additionnels ou d’économies de coûts en 2030. Cette ère du digital a amplifié le phénomène des pratiques collaboratives. Un véritable basculement s’est naturellement produit au moment du déploiement des technologies du web 2.0 caractérisé par l’échange et le partage de contenus ainsi que l’interactivité. Mettre en place une stratégie collaborative a pour principal objectif d’améliorer jusqu’à 61% l’efficience de l’organisation. Pour mener efficacement cette stratégie, il est important d’avoir une démarche managériale basée sur la gestion du savoir également appelé le knowledge management (gestion des connaissances). Mais sont que les pratiques de gestion du savoir ? Pour répondre à cette question, j’ai interviewé Jean-Pierre Bouchez, créateur de PlaNet S@avoir et chercheur associé au laboratoire de recherche en management à l’université de Versailles-Saint-Quentin. Il est l’auteur de « L’entreprise à l’ère du digital – Les nouvelles pratiques collaboratives » publié aux éditions De Boeck.

Combiner un académique et opérationnel pour structurer une approche managériale

Le monde d’aujourd’hui est VICA ! Cet acronyme inventé par l’armée américaine caractérise un contexte Volatile, Incertain, Complexe et Ambigu. Ces paramètres peuvent être mal appréhendés par les managers. C’est pourquoi la posture « hybride » de praticien-chercheur parait à Jean-Pierre tout à fait pertinente. Car « schématiquement, compte tenu des exigences des actionnaires et des donneurs d’ordre, les consultants et les dirigeants d’entreprise ainsi que leurs collaborateurs opérationnels sont le plus souvent contraint de s’inscrire dans une logique à court terme, quite à ne pas suffisamment approfondir et étayer leurs décisions. » A l’inverse, les chercheurs sont soumis à une autre exigence. Sur la base de recherche et de travaux de long terme, ils publient des revues académiques. Mais, elles sont en principe peu compréhensibles par les opérationnels. Jean-Pierre a donc « la conviction, par expérience, qu’il existe une voie médiane prometteuse combinant ces deux approches. » Parmi les nombreux enjeux managériaux (responsabilité des équipes, innovation collaborative, etc.), Jean-Pierre retient que l’approche praticiens-chercheurs ou de « praticiens réflexifs » de Donald Schön est la plus prometteuse.

pratiques collaboratives

Comment définir les pratiques de gestion du savoir ?

Face aux nombreuses confusions de la part de certains chercheurs et praticiens sur la notion de gestion du savoir, il est important de clarifier ces pratiques. Ainsi, grâce à une étude réalisée récemment auprès de praticiens de terrain d’une trentaine d’entreprises, de chercheurs et d’experts, Jean-Pierre a décomposé la gestion du savoir en deux versants :

  • La structuration des savoirs : ce versant existe en vue de rendre les savoirs « explicites et formels, de manière à les rendre utilisables ». On parle également de knowledge management. C’est une démarche managériale constituée de contenus formalisés. Ce sont des méthodes et des techniques (process, modes opératoires, standards, référentiels techniques, etc.) qui permettent d’identifier, d’organiser ou encore de partager les multiples connaissances des différents membres d’une organisation afin d’atteindre un but auparavant établi. « Les entreprises qui entrent dans cette catégorie (notamment les entreprises « à risques » comme dans le secteur nucléaire) sont de nature plutôt verticales, avec un souci assez légitime accordé au contrôle. »
  • La socialisation de pratiques : ce versant est de nature « plus tacite et informelle ». Ici, les contenus sont « plutôt sous la forme de vidéos, d’images et de commentaires ». Et « les échanges et les partages d’informations se déploient souvent de manière horizontale« . La conversation est indispensable pour la socialisation de pratiques. « La confiance constitue un marqueur important pour faciliter l’échange et le partage de ces contenus à caractère principalement pratiques. »

La structuration des savoirs et la socialisation de pratiques doivent être ordonnées et complémentaires afin d’obtenir un nouvel écosystème collaboratif de gestion des savoirs. « Mais cette combinaison doit naturellement être corrélée d’une part avec la stratégie de l’entreprise, et doit d’autre part, prendre en compte les principales variables qui sont associées à la gestion du savoir. » Ces variables concernent notamment « le rapport au savoir, au regard (au regard de la valeur associée à son usage), la question de la confiance, la culture de la collaboration, la structure organisationnelle du travail, ainsi que le style de management, et la maturité numérique. »

gestion du savoir

Les pratiques collaboratives dans quelques années…

Selon Jean-Pierre, à présent, deux scénarios sont possibles : une perspective prometteuse et un scénario plus sombre.

  • Un bel avenir avec un écosystème collaboratif : cette perspective « puise pour partie sa source et son impulsion dans un besoin renouvelé d’expression d’idées et de pratiques véhiculées dans le cadre d’une gouvernance originale au sein de laquelle les communautés professionnelles légitimes occupent une place importante, via des espaces et des dispositifs dédiés à l’innovation collaborative ».
  • Un avenir préoccupant : celui-ci « met en exergue et en pratique la transformation numérique comme une forme d’avancée et instrumentée du travail collaboratif, reléguant ainsi pour partie l’esprit communautaire en arrière-plan. »

Mais heureusement, Jean-Pierre nous informe que « la plupart des dirigeants lucides et éclairés, ont déjà choisi leurs camps… ». Un bel horizon se prépare pour les entreprises et les pratiques collaboratives.

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Claire Sorel

Claire was a Junior Web Marketing Consultant at Visionary Marketing from 2016-2018 _________________ Claire a été consultante junior en marketing Web chez Visionary Marketing de 2016 à 2018 More »
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