économie et numérique

CGI (Logica) : Une ESN à visage humain en matière de recrutement

Pour une ESN, se donner un visage humain en matière de recrutement est primordial. Je me suis rendu à l’invitation de Laurent Laforge de modedemploi à un chat en direct avec le PDG de la division business Intelligence, Stéphane Jaubert, de CGI (Logica). À ses côtés étaient présents Sophie Dumas-Fitte, responsable du recrutement pour l’ESN et Éric Langlemetz, practice manager ECM. Le débat était animé par Benjamin Saviard de Viadeo,  le réseau social professionnel français. C’est donc à une véritable opération de séduction auprès des jeunes en recherche d’emploi que j’ai assisté, à une période où Logica, comme ses concurrents, recrute intensément malgré les signes contradictoires de l’économie (voir Challenges, l’article sur Paul Hermelin). Mais la communication, ça peut marcher dans les deux sens, on y croit ou on n’y croit pas ! La prestation de Logica, très humble et honnête, m’a bien plue, je vais expliquer mon analyse dans cet article en 2 parties ; mais avant tout, revenons sur ce qu’est une ESN et sur qui est Logica.

CGI (Logica) : Une ESN à visage humain en matière de recrutement

Le recrutement en ESN : une vraie préoccupation pour ces entreprises qui veulent montrer un visage plus humain que celui qui leur est prêté habituellement
Le recrutement en ESN : une vraie préoccupation pour ces entreprises qui veulent montrer un visage plus humain que celui qui leur est prêté habituellement

(CGI) Logica : +50 % d’effectifs (environ) entre 2010 et 2012

Logica (maintenant CGI) est une ESN britannique de 41.000 personnes dont le siège est basé à Reading (environ à 80 km à l’ouest de Londres). Son chiffre d’affaires en 2010 était de 4 milliards de livres sterling, soit environ 5 milliards d’euros. 2011 a été une bonne année pour Logica (plus 5 % sur le chiffre d’affaires à fin août 2011), suite à une reprise amorcée dès 2010 et une mauvaise année 2009 du fait de la crise.

Logica est présente dans 40 pays et sur tous les continents, et dispose aussi, comme ses concurrents, d’une « usine » en Inde pour le développement. En France, les plus anciens connaissent la SSII au travers de sa fusion en 2006 avec Unilog (effective depuis 2007), ex fleuron du service à la française, désormais filiale locale du groupe britannique.

Pour les anglophiles, Logica est en quelque sorte le Capgemini britannique, une société bien établie outre-Manche et dans le reste du monde. La filiale française, forte d’environ 6000 collaborateurs à la fin 2010, l’entité de Stéphane Jaubert compte quant à elle 850 employés. L’ESN Logica Françe a lancé un recrutement de 1.500 collaborateurs en 2011 et va renouveler l’opération en 2012.

Cela fera donc environ 3000 embauches entre 2010 et 2012 soit, sans compter le turnover que je ne connais pas, environ 9000 collaborateurs fin 2012 contre 6000 fin 2010 (societe.com). Ces recrutements porteront sur des jeunes diplômés, mais les profils plus expérimentés ne sont pas oubliés. Un bémol toutefois, car il existe bien un plan social en cours en Europe, mais la France ne serait pas touchée. C’est d’ailleurs en phase avec les propos de Paul Hermelin dans Challenge, la crise est là et bien là, mais le secteur est si dynamique que risquer un gel des embauches comme en 2009 est jugé comme étant une mauvaise stratégie par les patrons du service.

Les tâches de demain pour le recrutement en ESN

Ne nous y trompons pas, en France où nous avons une économie de services (78% des emplois, environ 72% du PIB selon l’AtlasEco 2010, et c’est aussi le secteur de l’économie qui contribue le plus à la croissance), les enjeux ne sont plus, malgré le débat présidentiel surréaliste de 2012, dans la production industrielle sur notre territoire (un débat vrai également dans d’autres pays ex-industriels comme les Etats-Unis). Le vrai enjeu est dans l’informatique (rebaptisée « IT » pour faire cool). Ce n’est pas nouveau (Sopra et Capgemini ont été fondées dans les années 60), mais cela devient le cœur du développement de notre pays, un domaine où, en outre, nous excellons, même si en France « l’adoption des technologies est moins forte que dans les autres pays » comme les pays nordiques, précisait Stéphane Jaubert à juste titre.

Les tâches de demain sont donc nombreuses ; je tente de les résumer dans le schéma suivant :

ESN recrutement
Les tâches d’une ESN : indispensables à comprendre en matière de recrutement

les grands enjeux sont donc autour de ce que l’on appelle mystérieusement, le “big data”, aboutissement ultime des concepts des années 90 (entrepôts de données, datamining etc.) qui trouvent enfin leur application autour des projets très importants menés avec les pouvoirs publics intitulé Open data (voir ce que mes confrères et amis sociologues d’Orange labs ont réalisé sur le sujet).

Pour les jeunes avides de tâches passionnantes dans une planète où les échanges sont mondiaux et l’information au centre de ces enjeux, aussi bien pour les gouvernements les entreprises que les citoyens, c’est bien là que ça se passe, Logica est bien dans cette bataille.

aspects humains et relations humaines

Maintenant que le décor a été posé, revenons sur les aspects humains et organisationnels, et tentons travers de mon expérience du métier (en tant que maîtrise d’ouvrage en interne, en société de services et comme client, de décrypter les enjeux et les critères de choix vu du chercheur d’emploi …

[photo Yann Gourvennec : l’équipe de Canalchat.fr pendant les questions réponses alors que le débat est animé par Benjamin Saviard de Viadeo]

ESN recrutement

SSII : le “geste technologique”

Une SSII, c’est d’abord et avant tout… des femmes et des hommes qui sont face à des clients, dans ce que Stéphane Jaubert a appelé fort élégamment le « geste technologique ». En service, il y a cette belle mission d’être dédié à un (ou plusieurs) client(s), de vouloir le soutenir et l’accompagner, voire même, le conseiller, l’orienter dans la bonne direction et… faire aboutir ses projets concrètement. A mon humble avis, ce n’est pas en SSII qu’on fait de la recherche fondamentale, ni d’innovation de recherche (pour cela, mieux vaut  aller en R&D chez des éditeurs, constructeurs ou sociétés de telecom) mais c’est là qu’on la met en œuvre !

l’innovation côté concret et passionnant

innovationLe côté donc le plus intéressant dans une SSII est cet aspect concret : une problématique client (souvent à challenger avec lui afin de lui montrer la voie, c’est le rôle du consultant), une phase dédiée au développement, puis aux tests(unitaires puis d’intégration) et enfin la mise en route, l’accompagnement, la formation, sans oublier la conduite du changement et l’assistance à maîtrise d’ouvrage (mon métier pendant 15 ans), tout au long de la vie du projet. Tout cela est passionnant pour qui connaît ce métier, c’est concret, c’est vivant, c’est l’innovation comme je l’aime, celle qui marche quand on clique sur le bouton !

le visage humain

Mais le travers de beaucoup de SSII, c’est de tomber dans la « vente de viande », anonyme et déshumanisée, où les consultants et ingénieurs sont soumis à la dictature du contrôle de gestion. Ce contrôle de gestion (timesheets, taux d’activité, marge sur affaire,…) est un passage obligé, ne nous y trompons pas. Mais il y a la manière de le mettre en place, l’approche et l’ambiance. C’est une chose que d’être passionné par le travail face à son client, d’être sur le terrain en permanence, et une autre que d’être abandonné en clientèle comme cela arrive parfois.

C’est cette approche à visage humain qui m’a plue dnas la présentation de Logica, proche de ma propre vision du service, proche, humain et respectueux des femmes et des hommes qui réalisent ce “geste technologique” et je rajouterai “geste commercial”; extraits choisis :

« mes collaborateurs, je ne connais pas leur diplôme »

Dans cette phrase de Stéphane Jaubert, réside à mon avis une grande partie de l’intelligence de l’approche de Logica. Ne croyez pas que je verse dans le populisme et que je pense que le diplôme ou l’éducation n’a pas le importance et qu’il faut se débarrasser des “élites”. Ceci est faux et ridicule. Ce que cela veut dire c’est que ce qui compte, c’est la performance de l’individu, son résultat, son intégration dans les équipes et pas le fait qu’il ait eu une bonne note en maths il y a 30 ans. Si un bac+2 doué peut réussir, un HEC peu doué peut également échouer. Il n’y a pas de pré-déterminisme et tout le monde est à égalité face à son client. Un bon point pour Logica ; d’ailleurs, le Président est un self-made-man qui n’a que le bac selon les présentateurs.

« quand quelqu’un s’en va, on le prend dans la figure ! »

Tous les pros du métier ont collectionné les contrats de travail en sautant d’une SSII à l’autre sans même qu’on prête un regard à leur lettre de démission. C’est non seulement insultant, mais typique d’une approche humaine déficiente. Un patron qui avoue que perdre un employé est un échec est révélateur d’un bon état d’esprit. Ceci devrait inciter les candidats à s’intéresser à Logica, il est bon de savoir qu’on compte pour son employeur.

« On aime bien les geeks »

Voilà encore une citation qui m’a plue. Je ne suis pas ingénieur, mais j’ai aussi cette passion de l’informatique et de la technique. Il n’y a rien de pire que ces technocrates de la high-tech qui vous disent que la technique n’a pas d’importance. C’est non seulement idiot, c’est totalement faux. On ne peut pas faire de conseil en technologie si on n’y comprend rien.

Le télétravail : « je ne comprends pas [qu’en France] on arrive pas à monter en charge »

Les lecteurs de visionarymarketing savent à quel point je suis engagé dans la promotion du télétravail, et ce depuis 1990, date à laquelle j’ai acheté mon premier ordinateur portable. La France n’est pas vraiment à la pointe dans ce domaine, c’est un euphémisme. Si vous êtes concentrés sur vos missions et vos clients et ne voulez pas passer votre vie dans un bureau, et que vous êtes demandeurs de pouvoir travailler depuis n’importe où y compris chez vous (si vous y avez de la place), alors Logica est une bonne option. Le télétravail finira bien par entrer dans les mœurs, mais nous accumulons un retard de près de 20 ans sur le Royaume-Uni sur ce sujet. Et ne croyons pas que cela nous épargnera les problèmes inhérents au télétravail. Non, travailler lentement ne veut pas dire forcément travailler bien… ce mouvement est de toute façon inexorable.

Réseaux sociaux et approche directs

Logica n’est pas non plus la dernière de la classe pour travailler avec les réseaux sociaux professionnels comme Viadeo. Surtout dans la high-tech, où les méthodes d’approche directe en matière de recrutement deviennent courantes. Encore un signe de ce facteur humain dans l’entreprise observé en surfant sur leur site Web : cette possibilité rare et appréciable de pouvoir contacter directement un expert via le site Web (dont la version mobile est d’ailleurs fort bien faite).

Pour cette raison, et ce qui précède, je n’hésite donc pas à encourager les lecteurs de visionarymarketing à tenter leur chance, et d’aller vérifier la théorie sur le terrain. Malgré la crise qui fait rage, les SSII embauchent en masse en ce moment, signe de la santé de ce secteur qui envahit nos vies professionnelles et personnelles.

À vos souris…

liens divers

Yann Gourvennec
Follow me

Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »
Bouton retour en haut de la page