économie et numérique

Synthesio : une start up qui démarre vraiment

New Picture (2) Le 15 juillet, j’ai rencontré Loïc Moisand, cofondateur avec Thibault Hanin de Synthesio, une start-up qui compte dans le domaine de la veille, de l’analyse sur Internet, des médias et des médias sociaux. Elle est un bon exemple de start-up française réussie, dont l’influence rejaillit également à l’international. J’avais déjà évoqué ce sujet sur deux vidéos en Anglais réalisées avec Trey Pennington, en charge du marketing pour Synthesio aux États-Unis et au Royaume-Uni (vidéo 1vidéo 2).

Synthesio décrit les profils des marques sur le Web

Synthesio : une start up qui démarre vraiment
Synthesio : une start up qui démarre vraiment

J’ai voulu prendre plus de temps avec Loïc afin de rentrer dans le détail de la genèse de Synthesio d’une part, et dans le marché de la mesure d’influence sur Internet d’autre part. Ce que j’ai découvert au cours de cet entretien, c’est une véritable pépite qui va bien au-delà d’une simple analyse du marché : une segmentation du marché très intéressante et utile définie par Loïc Moisand sur la base de son expérience du terrain, une découverte fondamentale et utile pour les marketeurs du Web et les responsables de marques qui prennent pied sur Internet.

C’est au Cybervillage de la rue de Crimée que j’ai revu Loïc après un an et demi que nous nous étions croisés, temps utilisé par le jeune créateur d’entreprise de 28 ans à travailler dur sur le développement de sa start-up. Ce travail a payé, Synthesio a vu son chiffre d’affaires de se développer significativement, même si je ne peux hélas révéler les chiffres car la société est privée (ils sont très bons, il vous faudra me croire sur paroles).

Les deux fondateurs de Synthesio sont tous deux issus de l’ESSEC, même si Thibault Hanin est le « geek » de l’équipe, avec son diplôme d’ingénieur antérieur à celui de l’ESSEC. L’un travaillait sur un logiciel, l’autre sur une étude, « chacun dans son coin » sur le campus de l’école selon les dires de Loïc, puis ils ont décidé de faire un bout de chemin ensemble, pour voir. « On a bossé sur un business plan pendant un mois et nous avons démontré une bonne complémentarité ».

On a levé des fonds assez rapidement, complétés par un emprunt étudiant à la banque et l’affaire est partie. « Nos premiers investisseurs n’ont pas regardé les détails de notre business plan, ils nous ont évalué et nous ont juste fait confiance ». Un regard porté sur la création d’entreprise très différent des habituelles jérémiades gauloises. « Je ne suis pas du tout d’accord avec les gens qui disent qu’on ne peut pas investir en France. Les subventions sont bonnes, à la mesure du statut de JEI, jeune entreprise innovante, à l’initiative du ministère de la recherche ». Ajoute Loïc Moisand. Certes, les deux jeunes créateurs « ont bouffé des pâtes » car pendant un an il a fallu développer l’offre. Et les surprises furent nombreuses…

Le business n’est pas rationnel, il est lié aux désirs des fondateurs

L’histoire de Synthesio est en elle-même intéressante. Bien positionnée aujourd’hui sur la mesure du buzz dans les médias sociaux, la start-up a débuté tout à fait différemment : « On a commencé par créer une sorte de Google alerts » explique Loïc Moisand, mais nous nous sommes vite aperçus qu’il se passait quelque chose du côté des médias sociaux. Même si on n’a pas commencé comme ça ». Démarrée en 2006, la société a pris un an pour monter son offre. « J’ai rencontré 400 personnes, dircoms, responsables d’études, d’agences etc. pendant cette année » ajoute Loïc Moisand ; sans parler des rencontres fortuites. Forcé de faire un stage à l’étranger, l’entrepreneur choisi l’Inde, par goût personnel, un choix qui se révélera fondamental par la suite pour les opérations de maintenance du logiciel. Ce qui fait dire au cofondateur de Synthesio que « le business n’est pas rationnel et que beaucoup de choses sont liées aux désirs des fondateurs ». Une leçon d’humilité et de réalisme à enseigner dans les écoles de commerce … « On avait envie de se balader, se marrer, pas de faire un truc franco-français » poursuit Loïc Moisand et c’est comme ça que Synthesio a démarré « tout en cinq langues » afin de gagner – petit à petit – des grands comptes internationaux et le tableau de chasse est aujourd’hui impressionnant : Accor, Orange, Sanofi, Eli Lilly, BNPP etc. qui utilisent Synthesio pour mesurer ce qui se dit sur elles.

Trouver un bon nom de marque

New Picture (3) Les marketeurs avisés le savent bien, trouver un bon nom de marque est une étape fondamentale. Le binôme entreprit alors de créer son propre algorithme afin de générer des noms originaux. Synthesio s’est imposé, le nom de domaine étant disponible, ne restait plus qu’à trouver un logo, ce qui fait fut fait par Loïc, mi Ying et Yang, mi « S » stylisé : « le rouge représente l’humain, le gris la technologie » précise l’inventeur.

25 employés sur 3 pays et… 30 langues

Aujourd’hui, Synthesio c’est 25 équivalents temps pleins plus des partenaires qui amènent le compte à 35, répartis sur 3 pays : France, Royaume-Uni et États-Unis. « Mais il y a des gens qui bossent partout pour Synthesio : Maroc, Chine, Inde, Russie, Portugal, Espagne etc. car 30 langues sont gérées par la société pour les recherches (6 seulement pour l’interface dont le Chinois). Le moteur de recherche multilingue est en effet la pierre d’angle du service mais surtout, l’analyse des contenus est humaine. La spécificité de la start-up réside justement dans ce point. Le moteur est un développement maison dont certaines parties sont protégées, car seules les fonctionnalités originales et innovantes peuvent faire l’objet d’un dépôt de brevet.

Le marché de l’analyse de buzz : une fusée à 3 étages (+1 ou 2 pour la France qui ne fait rien comme les autres)

Le marché mondial est réparti sur 3 segments : le gratuit, le logiciel sur étagère et le haut de gamme, Synthesio faisant partie de ce dernier segment. La France est quant à elle un peu particulière avec 2 acteurs à part (ami et Digimind) qui sont éditeurs aussi mais positionnés sur des gammes de prix différentes. Cette catégorie ne rentre pas – selon Loïc Moisand – dans les cadrans de Forrester et de Gartner, ce qui explique les difficultés de ce segment à se positionner à l’international, même si les deux acteurs « performent bien sur le territoire français ». Digimind a d’ailleurs opté pour la formule 3 (avec analyste) sur le territoire américain. La France étant très créative, nous avons même un autre exemple qui sort du cadre avec trendybuzz, une société d’études éditrice d’un logiciel sur ce domaine.

à suivre dans la deuxième partie avec la segmentation des marques sur Internet par Synthesio

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »

Un commentaire

  1. Billet très intéressant!. Maisle critère du prix n’est pas celui retenu par Forrester :
    Alors, je vais contredire, un peu, Loïc Moisand dont les propos m’étonnent un peu, sur le fait que Forrester n’a pas retenu des acteurs comme Digimind dans ses cadrans car pratiquant des gammes de prix plus élevées.
    D’une part Digimind pratique des offres produits à 10 000 € qui peuvent concerner les axes du cadran de Veille Image.
    D’autre part, Digimind Boston nous précise que plusieurs acteurs du cadran Forrester pratiquent des prix élévés comme par exemple le produit Cymfony cité dans le cadran Forrester, à $40,000.
    En fait Forrester « s’intéresse » encore très peu au marché français voire à tout ce qui se passe hors UK/Amérique du Nord

    1. merci Christophe pour votre retour et cette précision importante. N’hésitez pas à me contacter @ygourven sur Twitter si vous désirez apporter votre pierre à l’édifice. Bien à vous.

    2. Merci Yann pour ce billet, ravi d’avoir passé un moment avec toi pour te parler de Synthesio.

      Christophe je pense en fait que nous sommes d’accord. Le radar de Forrester ne dépend pas du prix de vente du fournisseur (les services de Cymfony débutent bien à $20K et montent très vite à $200K) mais plutôt de la capacité à couvrir tous les types de demandes sur le marché (outil, analyse, engagement, etc). Digimind est une belle réussite j’espère que nous serons tous dans le radar en 2011!

      Loic Moisand
      Synthesio

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