économie et numérique

G9+ sur le Web collaboratif : « Le Web 2.0 est-il mort ? »

Je me suis rendu à la réunion du G9+ sur le web collaboratif qui avait lieu aux jardins de l’innovation d’Orange à Issy-les-Moulineaux, à l’invitation de Luc Bretones, qui représente l’Essec dans cette association. Pour ceux qui ne connaîtraient pas, le G9+ regroupe les grandes écoles les plus importantes de notre pays. Le titre de la conférence en était : Conférence Web 2.0.

Ceci a fait dire à Olivier Ezratty, consultant freelance dans le conseil en stratégie d’innovation et ancien de Microsoft France, que quand on mettait juste le titre Web 2.0 sur une conférence, « cela avait un air de faire-part de décès ». De là à dire que le Web 2.0 est mort… ?

G9+ sur le Web collaboratif : « Le Web2.0 est-il mort ? »

G9+ sur le Web collaboratif : "Le Web 2.0 est-il mort ?"
la réunion du G9+ sur le web collaboratif aux jardins de l’innovation d’Orange en visio-conférence avec l’Orange lab de San Francisco

La question s’est posée d’ailleurs tout au long de la soirée, de savoir si la crise que nous vivons aujourd’hui va mettre un coup d’arrêt à l’innovation ou pas. La conclusion à la sortie de la réunion n’est d’ailleurs pas aisée.

Les avis étant partagés entre le les différents participants, et notamment le panel de patrons de start-up françaises basées dans la Silicon Valley, et qui étaient tous venus expliquées leurs points de vue sur la crise sur ce qui allait se passer.

D’aucuns étaients résolument optimistes et pensaient que après une période assez dure et d’incertitude, grâce à la flexibilité du travail qui est un classique aux États-Unis, les sociétés pourraient rapidement reprendre du poil de la bête. D’autres comme Béatrice Tarki de mobissimo, étaient plus pessimistes car « la crise va nous toucher avec le recul de la pub et surtout dans le tourisme. Et qu’il y aura également des problèmes de financement ».

C’est donc un bilan mitigé à l’issue d’une période de début de crise, et j’étais notamment dans la Silicon Valley il y a un mois, où on sentait un gros nuage noir au-dessus de nos têtes, sans être vraiment certains de savoir quel en allait être l’impact. Depuis, le chiffre est rappelé par Georges Nahon le patron de l’Orange labs de San Francisco, près de 55 000 licenciements sont intervenus dans la Silicon Valley, dont la moitié chez HP.

Comme le fait remarquer Georges Nahon, ceci n’est pas forcément déprimant, les meilleures innovations arrivant souvent dans les périodes de crise, et de citer les innovations d’Apple et de Microsoft dans les années 70.

Comme le résume Olivier Ezrati, le Web collaboratif n’est peut-être pas tout à fait mort (bien que nous ayons déjà souligné dans ces colonnes que au moins sur le plan international nous ne parlions plus de 2.0 mais de Social Media) mais nous entrons « dans une période avec beaucoup de mutations et d’incertitude ».

Comme l’ont souligné maints intervenants, les sociétés les moins solides en termes de business models, notamment celles qui ne font confiance qu’au modèle publicitaire, vont probablement se purger ou fusionner ou disparaître.

Celles qui seront plus solides et qui ont au moins 18 mois de cash-flow dans leurs caisses, en faisant le dos rond arriveront probablement à survivre, notamment aux États-Unis et dans la Silicon Valley où grâce au visa de type H1, on est capable de renvoyer le personnel étranger s’il n’a pas trouvé de travail au bout d’un mois. On imagine le tollé en France si une telle règle était appliquée.

La question se posait également de savoir si la suprématie de l’Amérique et notamment de la Silicon Valley allait disparaître. Il a été très difficile de trancher sur cette question, tant la fascination pour cet endroit de la planète est tel qu’oin peut douter de sa disparition, même si de nouvelles places émergentes se font jour. Quelques chiffres ont été cités qui sont assez impressionnants, 11,6 % de tous les brevets et pas seulement dans les hautes technologies sont issus de la Silicon Valley.

La part des budgets des sociétés de capital-risque qui sont investis dans la Silicon Valley représentent 40 % de leurs investissements totaux. La Nouvelle-Angleterre qui arrive deuxième représentant 12 % seulement.

D’aucuns ont fait remarquer également que la Silicon Valley était loin d’être majoritairement acquise à l’Internet, que les technologies d’infrastructures étaient encore très importantes et majoritaires, voire que même certaines sociétés majeures de l’Internet comme Google par exemple ou Amazon ou Ebay, deviennent de véritables fournisseurs d’infrastructures à part entières comme l’a très bien présenté Louis Naugès (voir article présenté sur ce blog).

En conclusion, difficile d’avoir un avis tranché, mais on peut raisonnablement poser l’hypothèse que les temps vont être durs, pas seulement pour l’Internet cette fois-ci, mais pour tout le monde, d’autant plus que la crise est cette fois ci structurelle comme l’a fait remarquer une des participantes et que la grosse différence c’est que cette fois-ci c’est l’argent qui vient à manquer tout simplement.

On peut également parier que l’onde de choc va mettre quelques années à se développer complètement, même si les temps de réaction sont bien plus rapides aux États-Unis, les purges plus spectaculaires mais aussi moins conséquentes puisque la plupart des employés qui sont flexibles sont en fait des étrangers qui sont renvoyés chez eux, ce qui éviter d’impacter le chômage local, ce qui en fin de compte va permettre également à la région de repartir rapidement.

On risque donc d’avoir un double effet différentiel avec ce qui se passe en France, où l’économie est incroyablement plus molle mais aussi plus résiliante parce qu’elle dépend énormément de l’État en majeure partie. On va donc voir l’Amérique plonger très vite puis remonter plus vite que nous avec de grandes oscillations, mais aussi une incroyable capacité à se réinventer et à recycler son éternel optimisme.

Dans tous les cas souhaitons nous tous bonne chance et bon courage, l’innovation devra être au pouvoir afin de nous aider à passer au mieux cette mauvaise période. Tous les détails concernant cette conférence sont disponibles en ligne sur Internet, et un compte rendu bien plus précis que le mien sera disponible également dans les jours qui viennent, sur le site Internet et sur le blog de l’organisation : voir http://www.g9plus.org et le blog dédié à l’événement : http://silicon.valley.blogs.centraliens-marseille.fr/

Yann Gourvennec
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Yann Gourvennec

Yann Gourvennec created visionarymarketing.com in 1996. He is a speaker and author of 6 books. In 2014 he went from intrapreneur to entrepreneur, when he created his digital marketing agency. ———————————————————— Yann Gourvennec a créé visionarymarketing.com en 1996. Il est conférencier et auteur de 6 livres. En 2014, il est passé d'intrapreneur à entrepreneur en créant son agence de marketing numérique. More »
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